Stress, anxiété, angoisses et peurs : définitions, différences et similitudes, thérapies

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Par Olivier Dupuis (psychologue et psychothérapeute) et Dr Henri Boone (neuropsychiatre)

 

De nos jours, nous n’entendons plus qu’un seul mot, un seul signifiant dirait Jacques Lacan,  englobant un nombre incalculable de « pathologies » ou états « normaux/anormaux » et ce de manière totalement erronée :

« C’est le stress !! » nous dira-t-on. Beaucoup de  médecins et cliniciens eux-mêmes englobent tout dans un même mot devenu un « fourre-tout », avec en réponse des propositions de traitements inadéquats.

 

Comme nous allons le voir de manière très succinte dans cet article, il convient d’une part de différencier des mots (des signifiants) ayant certes des similitudes au niveau de leur signification (un incomfort psychologique)  mais surtout des différences fondamentales, et de resituer d’autre part le « stress » en personne  comme une réaction physiologique positive  d’adaptation de l’organisme face à une  situation compliquée.

 

Bien que cette liste ne soit pas exhaustive, nous proposons de reprendre les concepts suivants souvent mis dans le même paquet : l’anxiété, la peur et la phobie,  l’angoisse, et  pour terminer le stress. Dans un article suivant, nous traiterons de la « dépression », et par la suite, un article décrivant plus en profondeur les thérapies adéquates à chaque état.

 

Le normal et le pathologique au niveau des  pensées : L’anxiété et les TOC-la peur et la phobie

 

  • L’anxiété est avant tout une pensée ou un ensemble de pensées qui peut s’avérer normale ou pathologique. Dans le cas de la pathologie, on parle de trouble cognitif. Lorsque quelqu’un est anxieux, il y a une ou des « choses » qui l’inquiète : son travail, sa collègue, son fils, une facture impayée… La réaction d’anxiété est avant tout normale et, tout comme le stress, apporte du positif si elle est modérée et gérée par le sujet. Dans un certain nombre de cas, ces pensées anxieuses peuvent prendre plus de place, et devenir incomfortables, voir insupportables. C’est le cas des ruminations mentales, ou des « TOC », mot appelé erronément « Trouble » obsessionnel compulsif. Je dis que c’est erroné car il ne s’agit selon moi nullement d’un trouble ou d’une maladie, mais bien d’un symptôme, donc une solution d’adaptation, un mécanisme de défense ayant tourné en symptôme invalidant mais qui n’est en aucun la maladie en elle-même (comme une névrose ou psychose). Tout au plus, elle esy une manifestation de la maladie. C’est l’erreur fondamentale du DSM, soi-disant répertoire des « maladies mentales » qui ne répertorie qu’en grande partie  des symptômes ou additions de symptômes  (et encore là, des symptômes qui bien souvent n’en sont pas) pas toujours synonymes de maladie. Cette tendance à tout « diagnostiquer » entre en corrrélation avec une logique de notre temps à vouloir tout pathologiser (même les émotions les plus naturelles comme pleurer, avoir des moments tristes et puis heureux, …)

 

  • La peur a en commun avec l’anxiété qu’il y a également un objet : on a peur de quelque chose (des chiens, de parler en public, quelqu’un portant une arme,…). C’est donc également avant tout une pensée, qui amène une émotion. La peur est également normale et peut s’avérer positive , comme par exemple, s’enfuir si il y a un incendie. Les cas de symptômes sont les peurs constantes et très fréquentes (avoir peur de tout et de rien) ou les phobies qui peuvent dans certains cas être plus ou moins invalidantes (et donc pathologiques). . On peut très bien vivre toute sa vie sans problème avec une phobie des chiens comme avoir une phobie telle des chiens qu’elle devient fortement invalidante et que  le patient n’ose plus sortir de chez lui (phobie des chiens entraînant une phobie sociale).

 

 

Le traitement des phobies ou de l’anxiété pathologique est en première intention  une thérapie cognitive (travail de défusion prioritairement) et comportementales (notamment exposition graduée) , associée à des techniques issues de la relaxation et la sophrologie (y compris l’imagerie mentale). Ces thérapies brèves (entre 10 et 20 séances) sont efficaces dans la plupart des cas si elles sont suivies assidûment. Dans un certains nombre ce cas,  une psychothérapie psychanalytique sera privilégiée et aura pour but de libérer le sujet de l’origine consciente et inconciente de ses symptômes. Notons que tant l’anxiété  que les phobies  peuvent être une solution (adéquante ou inadéquate) à l’angoisse.

 

Le normal et le pathologique au niveau des sensations : L’angoisse et le stress

 

–  L’angoisse

 

«  Freud commence par reconnaître que l’angoisse est difficile à saisir, car elle peut être confondue avec d’autres états, ainsi qu’il l’avait montré en 1920. Il part du principe que l’angoisse est saisissable par les ressentis qu’elle procure. Il propose de commencer par l’appeler « état d’affect » (p.46, « Inhibition, symptômes et angoisses »), et de l’appréhender en tant que sensation qui présente le caractère de déplaisir le plus manifeste, sans que cela épuise sa qualité. En effet, il précise qu’il existe d’autres sensations avec un caractère de déplaisir qui ne sont pas synonymes d’angoisse. Il cite les tensions, la douleur, le deuil…Néanmoins, le caractère de déplaisir de l’angoisse lui semble avoir une note particulière : il paraît associé à des sensations corporelles déterminées, issues d’organes déterminés … ».

 

Les personnes atteintes d’angoisse ont donc des « sensations » très déplaisantes, tant au niveau corporel que psychique, sans parfois en connaître les motifs. L’angoisse est en ce sens très différente de la peur qui a un « objet peur » nettement défini, ou de l’anxiété, qui est une pensée. L’angoisse n’est donc pas une pensée, mais plutôt une sensation désagréable qui relève très souvent d’un motif inconscient, le patient ignorant le lien entre son angoisse et l’origine de cette dernière. Dans certains cas, le lien avec l’origine de l’angoisse est connu, comme l’angoisse décrite dans le syndrôme de stress post-traumatique. L’angoisse peut-être occasionnelle (angoisses légères ou crises d’angoisse ponctuelles), ou presque constante dans un certain laps de temps plus ou moins long (angoisse diffuse). L’angoisse est donc souvent plus difficile à traiter que les autres états d’inconfort psychologique. Les traitements doivent être combinés. Il faut d’abord diminuer l’angoisse et utiliser tous les moyens possibles en fonction du sujet : 1 à 3 entretiens psychologiques par semaines, techniques cognitives (défusion), techniques comportementales, favoriser les techniques corporelles un maximum (activité physique légère le plus souvent possible, techniques de relaxation, respiration, imagerie mentale, sophrologie positive et de détente). Il est également important d’informer le patient que l’angoisse est une réaction normale issue de l’enfance (tous les enfants ont  des angoisses) et que le corps et l’esprit sont armés pour lutter contre elle. Prendre conscience de l’auto-guérison du corps et de l’esprit permet de reprendre confiance en soi et dépasser petit à petit l’angoisse

 

Le stress

 

Et le stress dans tout cela ? Le stress est, comme l’angoisse, également une sensation : on se sent stressé. Hans Selye (1907-1982), un physiologiste canadien d’origine Hongroise décrit le stress comme une réaction d’adaptation physiologique normale de l’organisme. Le stress est donc une bonne chose, car il permet de s’adapter à une situation. Lors d’un examen par exemple, un étudiant n’ayant aucun stress ne réussira pas à étudier, le stress lui permettant de s’activer à l’étude. Le stress doit donc avant tout être géré. Le stress pathologique est de deux ordres : l’hypostress et l’hyperstress. L’hypostress (trop de peu de stress) est l’absence de stimulation et empêche dans certaines situations de s’adapter (peu d’études aux examens, en retard au travail, paiement de factures en retard,…). L’hyperstress est un excès de stress, un stress anormalement élévé (se sentir excessivement stréssé de manière continuelle dès la moindre difficulté).

Notons qu’il faut différencier les agents stressants et le stress (qui est la réponse à l’agent stressant).

Les traitements du stress sont un ensemble de techniques issus des thérapies comportementales et cognitives, de la relaxation et de la sophrologie. L’activité sportive légère à modérée est également particulièrement efficace. Pour terminer, il est prioritaire et  le plus important de « prendre le temps » d’apprendre à gérer son stress. Les personnes stréssées ou angoissées, comme beaucoup de demandent de thérapies, désirent souvent un traitement rapide et immédiat, ce qui est exactement l’inverse de ce qu’il faut faire, puisque en soi aller vite est synonyme de faire les choses dans le stress. Entre 10 et 20 séances s’avèrent en effet nécessaires selon les cas.

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